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15 mai 2007

Elle s'appelait Sarah

sarahTatiana de Rosnay
Editions Héloïse d’Ormesson, 2007

Tatiana de Rosnay nous livre le témoignage poignant de Sarah, un arrêt sur image d’une période ô combien noire de l’Histoire et du passé peu reluisant de la France et du pouvoir en place en 1942.
Sarah a 10 ans, insouciante comme beaucoup d’enfants de son âge. Elle comprend pourtant très vite qu’il se passe quelque chose lorsque maman coud une étoile jaune sur ses habits, même si elle lui dit qu’elle doit en être fière. Les copines d’avant lui tournent le dos et puis elle entend sans tout comprendre, les discussions chuchotées de ses parents, le ton nouveau de son père qu’elle ne connaissait pas, ses absences, la nuit, lorsqu’il part se cacher. Rien n’est plus comme avant.
Et puis, il y a cette nuit du 16 juillet 1942. Des coups dans la porte… les policiers français… Elle se dit qu’elle ne craint rien avec eux et puis, ce sont les hommes qu’ils emmènent, pas les femmes, encore moins les enfants. Et pourtant…

Sommés de prendre quelques affaires, la famille doit quitter les lieux. Michel, le petit frère de 4 ans doit être épargné. Personne ne l’a vu. "Je vais aller dans notre cachette, murmura-t-il "… "Elle referma la porte sur le petit visage blanc, fit un tour de clef. Puis la glissa dans sa poche. La serrure était dissimulée derrière un faux interrupteur pivotant. Il était impossible de deviner les contours du placard dans le panneau mural. Oui, il serait à l’abri. Elle en était sûre."

Oui, ils reviendraient le chercher, bientôt.
Retranscrire ici le calvaire de cet épisode est difficile. Douleur, émotion, honte se mêlent. Tatiana de Rosnay nous plonge au cœur de l’horreur de la Rafle du Vél d’Hiv et de celles qui on suivi.
On suit Sarah, déchirée, anéantie. Comment survivre alors que Michel est resté enfermé dans sa cachette ? Comment survivre lorsque l’on a été arraché à sa famille ? "Dans la vie douce et protégée d’avant, qui semblait à présent si lointaine, la fillette aurait cru sa mère. Elle croyait tout ce que disait sa mère. Mais dans ce monde nouveau et cruel, la fillette se sentait plus grande, plus mûre".
Récit à deux voix où passé et présent se mêlent et se télescopent, les épisodes de 1942 alternant au récit de Julia en 2002 – pause salutaire pour reprendre sa respiration, pour tenter de dissiper le malaise qui nous envahit.
Julia Jarmond est journaliste et doit faire un papier sur la rafle. D’origine américaine, elle est loin de connaître cet épisode de l’histoire, comme de nombreux français par ailleurs. Elle va fouiller, interroger, rencontrer des rescapés pour se rendre compte qu’un fil la relie à Sarah. Pourquoi, comment, elle va tenter de le savoir, quitte à mettre à jour un secret de famille bien gardé, quitte à mettre en péril sa vie de couple. Sa vie maintenant, c’est Sarah.
L’histoire de Sarah est des plus poignantes et un hymne au devoir de mémoire, un récit qui dénonce, un récit nécessaire, un récit sur le poids du silence qui étouffe.
En marge, c’est aussi l’histoire d’un désamour au sein d’un couple en harmonie, en apparence… Ce récit dans le récit m’a moins touchée. Est-ce parce que, dès le début, le mari de Julia m’est apparu extrêmement antipathique jusqu’à l’écoeurement, d’où mon questionnement et la transposition du personnage en 1942 ? C’est peut-être pour cela que j’ai moins été captivée, contrairement à Anne qui a fondu littéralement avec l’histoire de Julia.

Sarah a ému Cuné, clarabel, Laure, Florinette, Tamara

Cette chanson de Barbara, en écho...

barbara - mon enfance
envoyé par bisonravi1987

...La guerre nous avait jeté là,
d'autres furent moins heureux, je crois,
au temps joli de leur enfance.
La guerre nous avait jetés là,
nous vivions comme hors la loi.
Et j'aimais cela. Quand j'y pense
Oh mes printemps, oh mes soleils,
Oh mes folles années perdues,
Oh mes quinze ans, oh mes merveilles -
que j'ai mal d'être revenue -
Oh les noix fraîches de septembre
et l'odeur des mures écrasées,
c'est fou, tout, j'ai tout retrouvé.
Héas
Il ne faut jamais revenir
aux temps cachés des souvenirs
du temps béni de son enfance.
Car parmi tous les souvenirs
ceux de l'enfance sont les pires,
ceux de l'enfance nous déchirent.
Oh ma très chérie, oh ma mère,
où êtes-vous donc aujourd'hui?
Vous dormez au chaud de la terre.
Et moi je suis venue ici
pour y retrouver votre rire,
vos colères et votre jeunesse.
Et je suis seule avec ma détresse.
Hélas
Pourquoi suis-je donc revenue
et seule au détour de ces rues?
J'ai froid, j'ai peur, le soir se penche.
Pourquoi suis-je venue ici,
ou mon passé me crucifie?
Elle dort à jamais mon enfance.

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Commentaires
V
Merci Majanissa ! ton passage me fait plaisir et comme toi, je suis toujours un peu déçue des adaptations. A suivre ! :)
M
Un très bel article pour un superbe livre. <br /> J'ai hâte de voir ce que donnera le film bien que j'ai un peu peur d'être super déçue.
V
Affaire à suivre alors Florinette ! Il va falloir attendre un peu pour voir ce film :(<br /> Cette chanson de Barbara me sert toujours la gorge ! mais j'adore.
F
Je verrais très bien Jodie Foster dans le rôle de Julia, j'adore cette actrice, elle joue admirablement bien !<br /> Merci Valdebaz pour cet émouvant moment avec Barbara !
P
;o )))....
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