Mo
Marie-Hélène Lafon
Buchet Chastel, 2005
Lui, c’est Mo. Mohammed pour l’état civil, parce que la mère aurait aimer retrouver à travers lui le premier Mohammed mort à treize ans.
"Personne ne lui ressemblait, et surtout pas Mo à qui elle avait donné le prénom parce qu’elle était trop vieille et qu’elle n’aurait pas d’autres fils… Elle regrettait d’avoir donné le prénom, c’était comme un signe, pour que celui-là, qui avait tenu, qui serait le dernier, ressemble ; et ça n’avait pas marché. On disait toujours Mo, pas Mohammed. Le prénom entier était pour le mort qui avait treize ans depuis toute la vie sur la grande photo collée au mur de la salle".
A 33 ans, il vit toujours auprès d’elle. Présent pour le quotidien, les tâches ménagères, les soins qu’il lui prodigue. "Le jeudi était le jour des pieds".
Tout est mécanique, ritualisé, jusqu’à son travail au centre commercial.
Des femmes, il y en a dans sa vie mais lorsque débarque Maria, vendeuse à la Ronde des pains, sa vie prend d’emblée une autre dimension. Lui, le lent, lui qui ne vit qu’à travers ces lettres M.O., qui tente de trouver sa place dans cette vie exiguë ! Le voilà qui découvre la passion, l’amour. Comment gérer ces sentiments nouveaux alors qu’ils ont été gommés de sa vie ? Alors qu’il a fallu exister face à une mère déçue, distante…
Marie-Hélène Lafon livre un portrait chargé d’émotions et de tensions. C’est un livre fort et plusieurs fois, on sent que le fil risque de casser, que tout peut déraper. Au fil des chapitres rebaptisés "stations", on avance, on espère que tout se passe normalement malgré les dangers qui planent.
Une autre critique de... Clarabel (of course !)