Organes
Marie-Hélène Lafon
Buchet/Chastel, 2006
Des nouvelles, un registre vers lequel je ne me précipite pas trop, quoique, de plus en plus…
Celles-ci nous plongent au fin fond de l’auvergne, en plein milieu rural. Elles semblent loin de nos préoccupations, de notre quotidien, de notre temporalité.
Il y est question d’une bouillie violette à base de vers de terre pour tuer les taupes, de chasse à la grenouille, de car pour se rendre au collège ou de corset que l’on tente de soustraire aux yeux des voisines de lit au pensionnat.
L’ambiance surannée est marquée du charme retrouvé de Madame la speakerine qui "apparaît dans la télévision" et d’autres petits détails qui sillonnent ces douze nouvelles. Ce n’est pas si vieux pourtant puisqu’on peut les situer dans les années 70, un peu avant, un peu après.
Le titre annonciateur va nous plonger dans douze récits intimistes dans lesquels les corps vont s’épanouir, se dévoiler ou au contraire se cacher sous une aube de communiante, s’enfermer dans un corset…
Ils seront sources de convoitise et de haine, "la boulangère savait trouver du temps pour elle, pour son corps, ses fesses, son cul, éructaient les femmes jeunes, enragées, menacées dans leurs hommes" , mis à nus par cette Sœur Paule-Marie, perverse, "qui nous regarde, là"…
Ils sont fatigués aussi ces corps, usés, aigris, évoqués par ces trois sœurs autour du café, "c’était une autre époque on ne restait pas dans ces écoles on était à la ferme on attendait le prince charmant."
Il réside beaucoup de force dans ces récits, avec des intensités particulières comme dans "le corset", "l’hygiène" ou "les mazagrans". Les mots piquent, les mots coulent sans réelle ponctuation et interpellent, l’air de rien.
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