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30 janvier 2008

Le soir du chien

le_soir_du_chienMarie-Hélène Lafon
Point Seuil, 2003

"Le soir du chien" est une histoire d’amour. Encore une parmi tant d’autres traitées dans la littérature. Celle-ci, comme beaucoup se terminera mais elle a ce petit quelque chose qui fait de ce roman une petite merveille.
On traverse l’histoire au fil des saisons, dans un pays rude en pleine campagne, une histoire qui se tisse petit à petit, avec des personnages qui se dévoilent à tour de rôle, entrecoupés de lettres ou de confidences de personnages ayant vécu de près ou de loin cet amour. Ces voix se font écho et donnent consistance à cette union passionnée où passé et présent se mêlent. "Belle et rare", Laurent est d’emblé sous le charme, "avec Marlène, je suis entré dans une autre saison", "elle avait une voix grave, presque voilée, monocorde et ténue ; une voix venue des longues steppes du silence et qui n’était pas de son âge".

La vie de ces deux-là dans la maison d’en haut sera douce loin des regards en coin des femmes du village. Marlène est trop belle, atypique, solitaire. Elle vit de l’instant, de cet amour réciproque, dans ce cocon qu’ils se sont construit.
"La maison était comme le prolongement des terres nues, muettes sous le long cri du vent, qui la cernaient de toutes parts ; elle les respirait par toutes les fenêtres, ouvertes l’été, closes l’hiver, jamais voilées. Le pays entrait dans la maison, tout le temps, la pénétrait. Nous l’avions voulu ainsi, et nous vivions sous le grand regard des choses, dans la pupille écartelée du monde".
L’auteur joue avec les couleurs et les luminosités, tout est limpide, calme et doux et l’on se dit que rien ne peut venir troubler ce bonheur simple…

Au-delà de la magie de ces instants, au dehors de la bulle, rancoeurs et jalousies vont bon train. Et puis dehors, c’est aussi l’autre qui viendra perturber cette quiétude le fameux soir du chien.
Les silences si éloquents tout au long du récit prennent ici toute leur ampleur. Pas de bruit, pas de cri. "On n’a droit à rien. Chacun s’appartient, dans la solitude de sa peau. Je n’ai pas pleuré ; devant elle. Je ne l’ai pas supplié". Autour, les autres le savaient. Cette terre est rude et personne ne peut s’y habituer à moins d’y être né. On y reste, on y meurt.

C’est une histoire banale en somme, touchante car elle ne sombre pas dans le sordide. Les dialogues sont rares, les mots vont à l’essentiel, autant pour dire l’amour que pour énoncer sa perte. Voilà un très beau texte, une belle réussite que ce premier roman !
Un grand merci à Anne pour ce prêt ! Je comprends que tu aies voulu partager cette lecture.

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Commentaires
N
Hulm, il doit être bien ce livre, je le note ...
V
J'espère que tu le trouveras facilement Chiffonnette à moins qu'il soit sur les étagères de la bib ? Bonne lecture alors !
C
Un billet qui donne envie. Des extraits qui allèchent! Je note. Une belle histoire d'amour ne doit pas être manquée!
V
Je crois bien que tu devrais aimer Florinette !
F
C'est une bien jolie histoire et ton bel et émouvant article me pousse à noter ce livre !!
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