Parenthèse
Elles étaient trois, liées par leur jeunesse. Arlette, Ginette et Lucienne. La guerre, l’occupation : elles ont chacune réagi à leur façon entre fricotage et résistance mais à la libération, le même sort les attendait. Tondues.
Elles vont se retrouver 50 ans plus tard, le temps d’une parenthèse durant laquelle le passé enfoui au fond d’elles-mêmes va rejaillir. Des flash-back furtifs que Garnier distille par petites touches. Il livre l’essentiel tel quel sans s’appesantir, sans pathos. Il va zoomer en détail sur cette parenthèse de quelques jours, ausculter les gestes, les attitudes, les agacements mais surtout les meurtrissures de ces trois femmes.
Le hasard les a réunit une fois encore, malgré elles. Elles ont muré ce passé depuis leur séparation, "constipées de la mémoire".
Le voile va se soulever par à-coups, par bouts de vérité avouée ou devinée. Elles tournent autour de ce passé.
"Le silence s’égouttait sur elles comme la pluie qui perle au feuillage des arbres après l’orage. Elles n’avaient su que se résumer, mais c’eut été si difficile de décrire ce non-lieu qu’avait été leurs vies respectives après. Elles se retrouvaient toutes trois aussi vierges de mémoire que ce jour où elles avaient échappé à la populace, réfugiées dans le bois au bord de l’étang du Renard, épuisées, méconnaissables, rescapées d’une sorte de catastrophe naturelle, survivantes toutefois."
Un récit ponctué de coïncidences. L’étang du Renard en est l’ultime puisqu’il est le lieu choisi par le fils d’Arlette pour se construire un avenir heureux.
Un auteur "pépite" que ce Garnier. "Parenthèse" fait partie de ces récits touchants sans sensiblerie déplacée ou débordante. A découvrir, VRAIMENT, si ce n’est déjà fait !