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Baratin
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14 février 2009

Le costume

le_costumeFranz Bartelt
Gallimard, 1999

Micheline Bénaise est veuve. Sans crier gare, un mal foudroyant a emporté son José. Depuis, elle se démène, se déchaîne dans son pavillon à traquer le moindre grain de poussière, lave, repasse 1, 2, 3 fois le linge, jour et nuit, mais surtout, elle a fait place nette. Rien n’a survécu au mort. Tout est parti en fumée jusqu’au dernier slip – ou presque. Un ticket du teinturier va quelque peu changer le cours de sa vie. En récupérant le merveilleux costume en "touide" so british de José, son veuvage va être mis à rude épreuve.

En le laissant au Secours catholique, la bénévole lui a bien assuré "qu’elle ne lâcherait ce vêtement hors norme qu’à un pauvre de qualité. En tout état de cause, elle n’avait pas failli à sa parole".

Micheline va alors se mettre en chasse, à l’affut de ce costume qui sillonne la ville de façon étrange. Celui qui l’a endossé le porte à merveille, presque mieux que José. De quoi déboussoler la pauvre veuve, déjà en proie à de grandes perturbations.
Elle finira par mettre la main sur Augustin Benoît Cheurte (ABC), statisticien au chômage dont la passion du classement va encore plus tournebouler Micheline. Il se révèle être un "réorganisateur des mondes" hors pair avec une logique alphabétique implacable.
Bartelt dépeint dans le costume des personnages enfermés dans leur obsession. Un amour disparu qui reprend forme, un monde qu’on ne peut appréhender que par ordre alphabétique, jusqu’à cette bonne Mme  Bonflette, truculente dans son obsession de la saucisse… En bonne voisine, elle n’aura de cesse de faire revivre la femme qui sommeille en Micheline.

"Vous êtes une femme ou quoi ? Et plus jeune que moi ! D’au moins dix ans, pas vrai ? Ce qu’il nous faut, à nous qui sommes des natures, c’est la saucisse ! C’est la saucisse Mme Bénaise ! Je me comprends, hein ? Et si je me comprends, vous me comprenez."

Micheline aura alors fort à faire avec Charles, retraité de l’électricité, veuf également et "aiguillé" vers elle par cette chère Mme Bonflette.

Les corps sont en émoi, en ébullition ou carrément électrifiés. "Le court circuit ! hurla-t-il. Je suis électrocuté. J’ai des watts, j’ai des watts !... Vous en aviez besoin pas vrai ? claironna-t-il en se détendant "

D’une relative quiétude, la situation va vite virer au chaos jusqu’au drame et l’on savoure au passage des dialogues croustillants.
Cocasse, déjanté, Bartelt nous entraîne dans un récit où la folie rôde avec, toujours, un sens de la formule qui fait mouche.
Encore un Bartelt dont je me suis délectée.      

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Commentaires
I
Je viens de terminer "Le jardin du bossu", du même Bartelt, et je me suis bien amusée !
G
Bartelt a vraiment un style savoureux et gouleyant! Je n'aime pas tous ses livres mais Les bottes rouges et le Jardin du bossu m'ont particulièrement plu. Un petit nouveau à découvrir apparemment...
P
Je ne connais pas, mais après la lecture de ce billet, je me frotte les mains à l'avance ! :-)
J
J'ai beaucoup aimé le film intitulé "Le costume" d'un réalisateur de l'Est...
Y
JE ne connais pas l'auteur mais d'après ce que tu en dis, j'ai très envie d'aller à sa rencontre :-)
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