Un tout petit monde
David Lodge
Rivages, 1991
Je ne suis vraiment pas déçue d’avoir suivi le conseil de l’île déserte de Louis à propos de ce livre !
Il est comme je les aime, bourré d’humour très British !
Ici, Lodge épingle le monde des universitaires et dans la foulée, écrivains et éditeurs dans une ronde époustouflante à travers les continents. Tout commence assez tranquillement à l’Université de Rummidge en Angleterre où Philip Swallow a tenu coûte que coûte à organiser un congrès. Le problème, c’est que son département n’en a guère les moyens : "Déjà, la consternation s’affichait sur bien des visages lorsqu’on s’était réunis la veille au soir pour la traditionnelle réception au sherry. Les participants avaient eu le temps de découvrir leur lieu d’hébergement, dans une des résidences de l’université, un bâtiment construit à la va-vite en 1969… ils avaient examiné les meubles tachés et délabrés, exploré l’intérieur poussiéreux des placards… testé les lits étroits dont les ressorts s’enfonçaient lamentablement au milieu…".
Le ton est donné dès les premières pages : le congrès est l’endroit où il faut être, peu importe si les échanges sont médiocres ou à l’inverse les thèmes novateurs, tout le monde s’en fout ! L’objectif est d’être là, jouer les flagorneurs, les louvoyeurs et se tirer dans les pattes au besoin. Voilà grosso modo le portrait de l’élite intellectuelle. Si par hasard, et la cerise sur le gâteau, il est possible d’assouvir d’autres besoins plus physiques, les occasions sont les bienvenues, au contraire !
C’est donc avec beaucoup d’ironie que Lodge dépeint ces universitaires jusqu’à la caricature, quoique ? Certains courent après la gloire, d’autres fuient une vie trop monotone, enfin l’exception, le candide débutant sa carrière, bien seul parmi ces vieux routards des congrès.
Une première partie campe le décor et les personnages principaux, Lodge poursuit le récit en élargissant le champ de vision par touches rapides en allant de l’un à l’autre des personnages et des lieux. Tout va très vite et l’on est pris dans cette bourrasque d’universitaires sillonnant le monde. Le rythme est moins soutenu ensuite et jusqu’à la fin mais on ne s’ennuie jamais. On les suit le sourire aux lèvres dans leurs péripéties. Lodge ironise mais ne tombe pas dans l’excès ou l’absurde comme Sharpe, ou peut-être une fois (scène de l’enlèvement, pour ceux qui ont lu le livre). Le thème commun qui me viendrait à l’esprit est la présence récurrente du sexe chez les deux auteurs. Lodge nous offre des épisodes croustillants tout au long du roman : Hilarant !
Je vous invite à plonger sans hésitation dans ce petit monde des universitaires.