Le magasin des suicides
Le magasin des suicides, voilà un petit livre qu’il me tardait d’ouvrir vu les nombreuses critiques chaleureuses ici et là. Maijo s’est empressée de me l’expédier. Je me suis tout autant précipitée de le lire. J’ai, par contre, traîné pour en parler (comme pour le reste de mes critiques d’ailleurs). Panne, grosse fatigue, la tête ailleurs, les pieds aussi…. Bref, me revoilà.
Chez les Tuvache, ça ne rigole pas. Ce n’est pas le genre de la maison qui propose à tout va le moyen de mettre un terme à son existence. Le magasin des Tuvache est connu et reconnu et affiche fièrement "vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort !"
Et même si la clientèle n’est pas fidèle (hey, hey !...évidemment…), le commerce est florissant. Les clients affluent, il y a de tout et pour tout le monde. Vous ne trouvez pas corde à votre cou ? Mishima, le père et patron de la boutique opère dans son arrière boutique pour mettre au point de nouvelles méthodes. Autour de lui s’affaire Lucrèce sa femme qui a fort à faire avec sa caisse et sa marmaille : Vincent, le fils aîné, maigre comme un clou avec des tendances suicidaires… "Le suicide, il a ça dans le sang, un vrai Tuvache ». Marylin, douze ans et un peu grasse cultive son désespoir. Ces deux là font le bonheur de leurs parents, ce qui n’est pas le cas d’Alan, le petit dernier qui affiche un optimisme désolant ! "Et puis cesse de chantonner (elle l’imite) : "Bon-zou-our !... quand les gens arrivent. Il faut dire d’un air lugubre : Mauvais jour, madame…" ou : "Je vous souhaite le grand soir, monsieur." Et surtout, ne souris plus ! Tu veux faire fuir la clientèle ?... "
On se retrouve dans ce petit livre dans une ambiance de fin du monde, dans une ville où ne survit que ce quartier au "visage humain" ( ?), cerné de tours gigantesques, froides et noires, à l’origine de toutes ces tentatives de suicides. Les corps tombent des tours, comme la pluie sur les toits : rien de plus normal… L’ambiance est à la morosité et le magasin des suicides ne désemplit pas. On assiste à une grande ingéniosité de cette entreprise familiale toujours prête à satisfaire le client. C’est aigre-doux, ça grince un peu mais l’ensemble reste somme toute gentillet. Une petite fable sur le thème du bonheur personnifié par le petit dernier qui veut coûte que coûte changer le cours des choses. Bon, un petit livre sympathique et court. Je crois qu’il n’aurait pas supporté un traitement plus long. Reste la fin qui m’a laissée interrogative. Je ne comprends pas pourquoi un tel traitement qui ne colle pas forcément avec le personnage d’Alan, à moins d'avoir loupé un truc ?
Oui, c’est inventif. Oui, il y a du charme dans cette fable mais je sors de cette lecture moyennement emballée.
Merci pour le prêt Maijo !